La série W d’Economies et Sociétés s’associe à l’hommage rendu à Gérard de Bernis décédé le 24 décembre 2010. J’ai finalement peu connu le Professeur de Bernis. Sans doute parce que je suis d’une génération plus jeune. Sans doute, également, parce qu’étant de Lyon, et lui si fortement de Grenoble, nous n’avions que peu de contacts compte tenu de l’habitude mauvaise que les deux métropoles universitaires avaient entretenu de s’ignorer souverainement. J’avais apprécié le remarquable Précis Dalloz (toujours conservé) qu’il avait écrit sur les Relations économiques internationales. Sa force tenait à un savant entremêlement de références théoriques et d’éclairages empiriques.

Lorsque que, avec Daniel Dufourt, nous voulûmes créer cette série, renouant d’une certaine façon avec l’ancienne série T d’Economies et Sociétés (« Information, recherche, innovation »), dont dix numéros parurent de 1959 à 1972, nous avons trouvé chez lui un fort soutien et beaucoup d’encouragements. Nous nous sommes alors connu plus et mieux. Internet étant encore très peu utilisé, nos échanges avaient très souvent lieu à la gare de la Part Dieu de Lyon (heureusement que les Grenoblois passent par Lyon pour gagner Paris !).

Et puis la maladie et l’éloignement nous ont à nouveau séparés. Je m’étais toujours promis de le convaincre de l’intérêt des méthodes économétriques pour étudier certaines questions économiques, sujet sur lequel il montrait selon moi une trop grande réserve. Je n’ai pas eu le temps.

Qu’il me soit permis d’évoquer notre rencontre en 2003, à Grenoble, lorsque, après dix ans de fonctionnement de la série, je lui présentais le numéro 7. Il avait gardé un enthousiasme intact et me faisait part des préoccupations qui devaient animer tous les responsables des revues de l’ISMEA. Je me souviens encore de son message essentiel : « garder une ligne éditoriale ». C’est en effet un impératif qu’il nous faudra conserver fidèlement en mémoire.

Christian Le Bas